À Ouakam, au Sénégal, le peuple Lebou a conclu un pacte avec un monde invisible. Dans cette alliance, les Lebous promettent de respecter les esprits et de préserver les éléments de la nature, tandis que les esprits s’engagent à protéger et à soutenir l’équilibre énergétique de chaque composant de l’univers. Autrefois, Ouakam était un village rempli d’arbres et de verdure, mais les effets du capitalisme ont gravement affecté et transformé le paysage environnemental et son patrimoine. Des terres ont été vendues à des étrangers, de nombreux habitants locaux ont été expropriés, et des arbres sacrés ainsi que des lieux de socialisation et de culte ont été abattus pour faire place à des constructions. Cela a conduit à une perturbation de l’aménagement urbain, à la dégradation des pipelines et des systèmes d’égouts. Le patrimoine Lebou est menacé par ces changements soudains sur leur territoire et par une communauté profondément influencée par un système capitaliste. C’est autour de ces questions environnementales et patrimoniales que le Collectif a choisi de mener sa résidence.
Les Messagers Invisibles raconte l’histoire de Koumba Guelew, un urbaniste qui acquiert une terre sacrée habitée par Leuk Daour Mbaye, l’esprit protecteur de la ville. Ignorant le pacte ancestral, l’installation d’une usine de dessalement provoque la colère de l’esprit, entraînant une rupture avec le peuple Lebou. Les éléments naturels se déchaînent : tremblements de terre, pluies torrentielles, vents nocifs et chaos. Seul le Penc, le lieu sacré des sages, reste intact. Là, Koumba Reene, en transe, aidée par les sages, commence un voyage initiatique pour apaiser l’esprit et rétablir l’équilibre. Elle doit mourir symboliquement pour renaître en découvrant les quatre portes de l’invisible avant qu’il ne soit trop tard. Le compte à rebours a commencé !
Cette pièce est une épopée moderne où la création sonore s’inspire de cérémonies rituelles comme le ‘ndep’, une pratique de guérison qui agit sur le corps et l’esprit en induisant la transe. Ces processus transcendent les frontières dogmatiques pour réinventer Ouakam en combinant les technologies modernes avec les sciences ancestrales de leur territoire.
Cette création veut immerger le public dans un Ouakam émouvant qui restaure son patrimoine culturel grâce à la technologie et aux sciences.
Kenu-Lab jouera la pièce GC De Kroon à Bruxelles le 12 septembre 2024 à 13h30.