La pratique de Siobhán McDonald met en avant des thématiques contemporaines liés à l’air, au souffle et aux phénomènes atmosphériques, en intégrant des connaissances scientifiques avec poésie et méthode à ses œuvres. Siobhán travaille avec des matériaux naturels et les extrait de leurs cycles de vie ; de croissance et de décomposition. Ce rituel méthodique accompagne une série de projets qui situe notre place sur Terre dans la période géologique. Ses recherches, comprenant des glaciers et d’autres phénomènes naturels, déploient un langage artistique unique qui donne forme à des procédés variés et intangibles, comme la peinture, le dessin, le film ou le son.
Dans l’installation vidéo Methane Lake, Siobhán McDonald peint grâce à du méthane, un gaz invisible, sur un ancien morceau de glace en train de fondre. L’acte en lui-même incarne une capsule temporelle de la fréquence terrestre il y a 20 000 ans, représentation fictionnelle d’une époque à laquelle nous ne pouvons plus retourner. Le film explore la lente activité géologique présente dans les profondeurs du permafrost et spécule sur la sensibilité de la glace. L’artiste a embarqué dans une expédition pour parcourir les glaces de l’Arctique, belles et essentielles, détentrices d’une mémoire qui s’étend sur des millions d’années. En peignant sur des matières aussi éphémères que le mycélium et la glace, trace historique, l’artiste souhaite exprimer le concept d’Ensō. L’Ensōs, “cercle” en japonais, trouve ses racines dans la calligraphie japonaise et est étroitement lié à la pensée de wabi-sabi – l’idée du caractère éphémère de toute chose. Depuis l’Antiquité, l’Ensō est un symbole tracé dans un élan leste et libéré.
Siobhán McDonald a développé une série d’œuvres (Listening to Soil ; Cosmic Gas ; Methane Lake ; Tipping Point) lors d’une résidence accueillie par GLUON et faisant partie du projet STUDIOTOPIA. Ses oeuvres examinent particules en suspension et matière logée sous terre depuis des temps anciens. En explorant le pergélisol arctique et les plantes préservées dans ses dépôts, le projet retrace l’histoire de générations de systèmes souterrains. Partant des tourbières comme protagoniste – avec leur écosystème, leur histoire et leurs mythologies – le projet envisage le parcours du temps et la préservation de notre mémoire collective subsistant dans cette fine couche, entre sol et roches, où se produisent certains des changements les plus importants de l’époque contemporaine.
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